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Marché noir de pilules contre le TDAH à l'université - Le Journal de Québec

Un étudiant a été sanctionné par le comité de discipline de l’Université Laval après s’être fait pincer avant les Fêtes pour avoir vendu des psychostimulants d’ordonnance à des collègues en quête de meilleures performances. La revente de médicaments de la famille du Ritalin serait de plus en plus répandue sur le campus. 

L’étudiant en question, inscrit en droit, a été convoqué par le comité de discipline après avoir été dénoncé par des membres de la communauté étudiante, selon nos informations. « C’est un étudiant qui vendait ses propres médicaments d’ordonnance et qui en parlait ouvertement. Ce n’était même pas tabou », rapporte une source au fait du dossier. 

L’Université Laval a refusé de commenter ce cas précis, indiquant que les « dossiers disciplinaires sont confidentiels ». 

Aucun commentaire n’a été émis relativement à la problématique de revente.  

Prescrits pour traiter les troubles du déficit d’attention, les médicaments de la même famille que le Ritalin, comme le Vyvanse et le Concerta, auraient la cote auprès des jeunes cherchant à améliorer leurs performances aux examens. 

Quebec

Photo Martin Chevalier

Généralisé 

La problématique est à ce point connue que même un directeur de programme l’a déjà soulevée.  

« Je suppose que de vendre des petites pilules dans le [pavillon] De Koninck, ce n’est pas grave non plus ? » écrivait en avril 2019 Daniel Gardner, enseignant en droit, à l’attention de ses étudiants dans un courriel qu’a obtenu Le Journal

Un revendeur a également accepté de se confier sous le couvert de l’anonymat sur les habitudes de consommation des étudiants.  

« Il y a quatre grosses périodes de vente pendant l’année scolaire. Aux mi-sessions et aux fins de sessions », confie le jeune homme, qui se prive lui-même de médication dans les périodes de forte demande. 

Tous les programmes seraient touchés, assure celui qui vend ses comprimés de 5 $ à 7 $ l’unité. « Il y a des pushers dans pas mal toutes les facultés », lance-t-il.  

Une étudiante laisse d’ailleurs entendre que la problématique se répand de plus en plus rapidement vu la compétition qui règne entre les étudiants dans certains programmes. « Les gens se mettent tellement de pression pour avoir les meilleurs stages, les meilleurs jobs. Ils se disent : si la personne à côté de moi prend du Concerta, pourquoi moi je ne le ferais pas pour atteindre les mêmes standards », s’inquiète cette étudiante. 

Facile à trouver 

Un autre étudiant, actuellement en première année, souligne quant à lui la facilité déconcertante avec laquelle les substances sont accessibles. 

Même plus besoin de chercher ou d’avoir des contacts, l’offre est « très agressive » en période d’examens. 

« La première fois que je suis arrivé avec un Red Bull pour faire mes examens, on m’a dit : “Tu ne veux pas essayer ça, à la place ? Ça fonctionne pas mal mieux”, en pointant une pilule de Concerta. Et ce n’est pas arrivé qu’une seule fois », raconte le jeune homme, indiquant que des pilules, « il y en a partout ».  

- Avec Jérémy Bernier  

La demande est de plus en plus forte 

Le Journal a questionné Jean-Sébastien Fallu, professeur au département de psychoéducation de l’Université de Montréal et expert en toxicomanie, ainsi que le Dr Stéphane Proulx, psychiatre à l’Hôpital Notre-Dame, sur la problématique de consommation de psycho-stimulants chez les étudiants universitaires. 

Observez-vous dans votre pratique une hausse de la consommation ou de la demande de psychostimulants chez les étudiants universitaires ? 

Dr Stéphane Proulx : Il y a une pression de plus en plus importante, il y a plus de consultations dans le but de dire aux médecins : « J’ai lu la description et ça me ressemble. Je n’ai jamais été diagnostiqué, mais je voudrais, s’il vous plaît, que vous me diagnostiquiez et que vous me prescriviez des psychostimulants. » Eh oui, malheureusement, on peut parfois déjouer le diagnostic. 

La consommation non supervisée médicalement de psycho-stimulants comporte-t-elle des risques ? 

Jean-Sébastien Fallu : Un usage ponctuel chez quelqu’un en santé pour s’aider à terminer une session, je ne crois pas qu’il y ait un enjeu de santé à ce niveau-là. Mais certains en font une habitude et là, cet usage répété, il y a des risques de dépendance et de toxicité. Et même si ce n’est pas une dépendance, ça peut devenir une sorte de béquille qui pallie certaines choses, au détriment d’autres moyens plus sains pour réussir, comme dormir. 

Estimez-vous que les établissements d’enseignement ont la responsabilité de s’attaquer à cette problématique et de faire un plus grand effort de prévention ? 

Jean-Sébastien Fallu : On est quand même de plus en plus là-dedans, dans une société en surcharge de travail. C’est difficile de concilier les rôles d’étudiants, de travailleurs, parfois de parents, etc. L’usage des substances est souvent favorisé par tout ça. [...] Malheureusement, les universités sont devenues des entreprises qui protègent leur image de marque. Le premier rôle des établissements là-dedans serait de favoriser un changement de culture. 

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