Des coups de couteau en plein visage, des blessures par balles d’où gicle le sang, des interventions à froid sur des patients qui hurlent de douleur. Une médecin québécoise revient d’Afrique du Sud en n’ayant rien à craindre des grippes qui l’attendent ici.
« L’expérience que j’ai eue en une seule nuit là-bas, c’est plus que ce que j’ai fait en quatre ans [de résidence de médecine] ici », lance Maguy Deslauriers, une jeune médecin de Saint-Hyacinthe.

Photo courtoisie
La salle d’urgence de Khayelitsha, où la Québécoise originaire de Saint-Hyacinthe a passé six semaines, ressemblait à « une prison » selon la jeune femme de 28 ans.
Le Journal a rencontré la femme de 28 ans à son retour de six semaines dans une salle d’urgence de Khayelitsha, une banlieue pauvre de Cape Town en Afrique du Sud. Son récit illustre bien que lorsqu’on se compare, on se console.
« Des fois, j’ai l’impression que les gens ne se rendent pas compte à quel point on est chanceux ici », souffle la nouvelle docteure.
Pas seulement pour la qualité des soins gratuits, mais aussi pour la qualité de vie, poursuit la diplômée de l’Université McGill, à Montréal.
À Khayelitsha, près de 400 000 habitants vivent entassés, majoritairement dans des bidonvilles. Dans ce pays, les soins de santé sont à deux vitesses. Il y a le privé, où les spécialistes travaillent à fort prix, et les soins gratuits au public, où « il n’y a aucune ressource », explique Mme Deslauriers.
La clinique d’urgence où elle œuvrait 12 heures par nuit est publique. Mais elle n’a rien à voir avec celles du Québec.
« Mes petits cas, c’étaient des coups de couteau dans le thorax, le cou ou la tête [...] Je passais mes nuits à mettre des drains thoraciques ou à recoudre, à faire des points de suture », explique-t-elle.
À sa première nuit en Afrique, elle a installé sept drains thoraciques sur des patients, ce qu’elle n’avait fait qu’une seule fois au Québec. Ils sont utilisés pour vider le liquide, comme le sang, lors de graves blessures internes.
Elle réparait des « lacérations très profondes qui sont longues à recoudre », s’attardant souvent deux heures sur des blessés ayant besoin de 100 à 150 points de suture.
Sa méticulosité lui a d’ailleurs valu le surnom de « chirurgienne plastique ».
« On fait tout nous-mêmes dans la salle d’urgence », dit-elle, car les malades envoyés aux spécialistes n’auront jamais les moyens de payer les frais qui seraient ensuite réclamés.
Khayelitsha est le plus grand des townships entourant Cape Town, à une trentaine de minutes des maisons cossues et des paysages paradisiaques. La population y vit dans des conditions d’extrême pauvreté, ce qui engendre énormément de criminalité.
Pour sa protection, Maguy Deslauriers avait un chauffeur qui la menait directement de la clinique à son appartement de Cape Town, chaque jour.
On l’avait prévenue. N’empêche, elle s’est trouvée complètement déboussolée lors de sa première nuit à l’urgence.
D’abord, elle cherchait le savon pour se laver les mains. Il n’y en avait pas.
Les patients hurlaient de douleur, car la clinique n’avait rien pour les soulager. Pas de morphine, même s’ils arrivaient avec un couteau en plein front.
« T’ouvres avec un scalpel, tu rentres tes doigts. Je touchais les poumons avec deux doigts [...] Pour les plaies par balle, tu fouilles avec tes doigts dans le trou », raconte-t-elle, encore un peu abasourdie.
La nuit, les médecins n’avaient pas accès aux rayons X, qui pouvaient seulement être faits de jour.

Photo courtoisie
Un des cas les plus marquants du séjour de la Dre Deslauriers en Afrique du Sud a été celui d’un homme qui s’est présenté à l’urgence avec un long couteau planté dans un œil.
« Les patients crient au meurtre [...] Et à deux heures du matin, il y a du sang partout, c’est une baignoire », se rappelle la jeune femme.
Rien n’est stérile non plus. Les équipements sont utilisés d’un patient à l’autre. Dans un pays dont la population est l’une des plus affectées par le VIH, les gants sont essentiels.
Malgré les risques et les défis, ce fut « l’une des plus belles expériences » de sa vie.
« J’avais fini ma résidence, pas de copain, pas d’enfants, c’était le temps de le faire », raconte-t-elle.
Ces six semaines lui ont permis d’avoir une expérience intense en traumatologie, loin de ce qu’elle verra ici.
« Pour vrai, je suis prête à n’importe quoi », souffle la médecin qui commencera bientôt sa pratique à l’urgence de l’hôpital Honoré-Mercier de Saint-Hyacinthe, en Montérégie.
https://news.google.com/__i/rss/rd/articles/CBMiTmh0dHBzOi8vd3d3LnR2YW5vdXZlbGxlcy5jYS8yMDIwLzAxLzE5L21lZGVjaW5lLWRlLWJyb3Vzc2UtcG91ci11bmUtcXVlYmVjb2lzZdIBAA?oc=5Bagikan Berita Ini
0 Response to "Médecine de brousse pour une Québécoise - TVA Nouvelles"
Post a Comment