La rémission d’un homme atteint du VIH, le deuxième cas dans l’histoire, vient redonner espoir aux chercheurs de trouver de nouvelles méthodes pour guérir les patients vivant avec cette maladie, qui tue encore un million de personnes chaque année.
« On sentait dans les congrès ces dernières années qu’on était en train de baisser les bras, qu’on se disait que le sida ne se guérissait peut-être tout simplement pas. Ça va donner un regain d’intérêt et stimuler la recherche d’autres stratégies pour guérir la maladie », confie le président de la clinique médicale l’Actuel, le Dr Réjean Thomas.
C’est la deuxième fois qu’un séropositif connaît une rémission durable après avoir cessé ses traitements. Ce nouveau cas a été rendu public mardi par le journal scientifique Nature et présenté par des chercheurs lors d’une conférence sur le sida à Seattle.
Surnommé « le patient de Londres », l’homme ne montre plus aucun signe du virus depuis près de 19 mois et est considéré par les médecins comme « probablement guéri ». Une greffe de la moelle osseuse pour soigner initialement son cancer aurait permis de le guérir du VIH.
En 2007, la situation était sensiblement la même avec l’Américain Timothy Ray Brown, dit « patient de Berlin » — le premier au monde à s’être remis de la maladie. Mais il avait subi deux greffes de moelle osseuse et une irradiation sur l’ensemble du corps.
Dans les deux cas, la transplantation de moelle osseuse a modifié le système immunitaire des deux séropositifs et leur a transféré des cellules souches de donneurs ayant une mutation génétique rare qui empêche le VIH de s’implanter.
À l’heure actuelle, les patients atteints du VIH doivent suivre une thérapie antirétrovirale (ARV) et prendre quotidiennement des pilules pour continuer de vivre même avec la maladie. Toutefois, sur les 37 millions de personnes touchées par le VIH à travers le monde, seules 59 % bénéficient du traitement.
Procédure peu viable
« Ça ne veut pas dire qu’on va pouvoir faire une greffe de moelle osseuse à toutes les personnes atteintes du VIH », prévient le Dr Thomas. Les donneurs dont la génétique permet de ne pas contracter le VIH ne courent pas les rues, note-t-il.
« Le récepteur du VIH, le CCR5, est celui impliqué dans la mutation génétique. Mais moins de 1 % de la population mondiale détient une mutation complète du CCR5 et est donc immunisée contre les affections liées au VIH ».
Il rappelle que cette découverte date d’il y a plus de quinze ans. Une étude sur des femmes prostituées africaines n’ayant jamais contracté le VIH en dépit des centaines de partenaires sexuels qu’elles avaient eus avait permis de constater l’existence de cette mutation.
De plus, la greffe de moelle osseuse demeure une procédure dangereuse et ne fonctionne pas à tous les coups. Elle peut également conduire à des complications sérieuses et même à la mort de patients. « Ce serait fou de faire des greffes à des gens qui prennent une pilule par jour et restent en superforme même en vivant avec la maladie », renchérit Jean-Pierre Routy, chercheur spécialisé en VIH et hématologue au Centre universitaire de santé McGill (CUSM).
Relancer la recherche
Si la transplantation systématique de moelle osseuse n’est donc pas une avenue envisageable, les derniers résultats en la matière vont permettre aux chercheurs de « centrer leurs efforts » sur certains aspects de la recherche afin de trouver d’autres techniques menant à la guérison.
« Deux sur des dizaines de millions de personnes qui vivent avec le VIH, ça semble peu, mais ça montre que c’est possible, que ce n’est pas juste un coup de chance. Ce n’est pas non plus un combat irréaliste, et on a des données très sérieuses à l’appui », lance M. Routy, qui était présent à Seattle mardi au moment de l’annonce de la « bonne nouvelle ».
Il espère d’ailleurs que l’industrie pharmaceutique sera davantage au rendez-vous pour financer la recherche dans le domaine, estimant que la lutte contre le cancer a récolté le plus gros du budget ces dernières années.
« La question de la guérison reste complexe, on est surtout avancé sur le plan des traitements et on piétine sur la création d’un vaccin. Mais ce qu’on sait aujourd’hui, c’est qu’on ne doit jamais perdre espoir », conclut de son côté Réjean Thomas.
Avec l’Agence France-Presse
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