Hommes et femmes sont inégaux face à la maladie d'Alzheimer, notamment en ce qui concerne les facteurs de risques, les symptômes et la progression de la maladie, qui évoluerait plus rapidement chez les femmes.
Un groupe international de cliniciens et de scientifiques auquel appartenaient deux chercheuses de l'Université de Montréal a pourtant constaté que la majorité des projets scientifiques utilisent des modèles animaux mâles, et ce, même si les deux tiers des patients atteints d'alzheimer sont des femmes.
Du côté clinique, les études se penchent sur des hommes et des femmes, mais sans faire de distinction. Très peu comparent les deux groupes. Celles qui le font, par ailleurs, n'ont souvent pas assez de participantes et participants pour tirer des conclusions claires.
Les deux chercheuses montréalaises, Florencia Iulita et Hélène Girouard, se sont plus particulièrement intéressées aux facteurs vasculaires comme le diabète, l'hypertension, le cholestérol et les maladies cardiaques qui sont des marqueurs de risques pour la maladie d'Alzheimer.
Si, vers l'âge de la quarantaine, ce sont surtout les hommes qui sont touchés par les maladies cardiovasculaires, les femmes les rejoignent très rapidement, surtout après la ménopause, et finissent par les dépasser, a dit Mme Girouard.
Comme on a longtemps considéré que les hommes étaient plus à risque que les femmes, « le danger, c'est qu'on a développé des thérapies qui sont adaptées pour les hommes, mais complètement mésadaptées pour les femmes », a-t-elle ajouté.
« Les médicaments sont conçus pour les hommes, dit la chercheuse. Ils sont probablement appropriés jusqu'à un certain point [pour les femmes], parce qu'on voit par exemple qu'on normalise la pression artérielle, mais ce n'est probablement pas optimal. Ce n'est pas parce que ce n'est pas optimal qu'il n'y a pas un certain niveau de prévention, mais il y a encore du chemin à faire. »
Donc, puisque la cause et l'évolution de la maladie sont différentes chez la femme, on devrait nécessairement avoir une approche thérapeutique différente, ce qui n'est pas le cas actuellement.
« Notre hypothèse, qui n'a pas encore été vérifiée, c'est que le cerveau des femelles serait plus vulnérable pour plusieurs raisons au niveau cérébrovasculaire, et donc plus vulnérable à la maladie d'Alzheimer puisque les deux sont très étroitement liés », a dit Mme Girouard.
Des analyses épidémiologiques ont ainsi démontré que les gens hypertendus ont plus de risques de souffrir de la maladie d'Alzheimer. Il y a toutefois beaucoup de controverse quant à savoir si les médicaments hypertenseurs protègent contre la maladie d'Alzheimer.
« L'hypertension dépend de plusieurs facteurs, a expliqué Mme Girouard. Il y a des facteurs génétiques, hormonaux, mécaniques, inflammatoires aussi, qui font qu'une personne devient hypertendue... Si le facteur prépondérant est un facteur inflammatoire, c'est peut-être l'inflammation qui va causer la démence. [...] Ce n'est pas nécessairement en baissant la pression artérielle qu'on préviendrait la démence, mais peut-être en enlevant l'inflammation, en normalisant la structure des artères, en normalisant le profil hormonal. »
En d'autres termes, on ne peut pas établir de lien direct de cause à effet entre l'hypertension et la maladie d'Alzheimer, mais on peut penser qu'un même facteur sera responsable de l'hypertension et de la maladie d'Alzheimer, et qu'en en combattant un on combattra aussi l'autre - malheureusement, dans le cas des femmes, avec des médicaments qui ont surtout été conçus pour les hommes.
« La maladie d'Alzheimer est une démence mixte, elle est autant neuronale que vasculaire, a dit Hélène Girouard. Si une personne est atteinte de la maladie d'Alzheimer et qu'il y a aussi des dysfonctions cérébrovasculaires, les symptômes cliniques, les déficits cognitifs, les symptômes de démence vont apparaître beaucoup plus tôt. Donc, comme les femmes sont plus vulnérables au niveau vasculaire, eh bien le risque de présenter des symptômes cliniques est plus élevé. »
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