Janvier est le moment de l’année où nous nous souhaitons ce qu’il y a de mieux, de bon et de beau dans nos vies, en commençant par la santé.
Malheureusement, les études de santé publique ne cessent de nous rappeler que nos vœux de santé ne sont pas près d’être exaucés : jamais, dans l’histoire du Québec, n’avons-nous été aussi affligés de maladies chroniques comme l’obésité, le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires.
Comme mentionné dans mes chroniques antérieures, la médecine nous garde vivants par des procédures et des traitements, mais nous sommes malgré tout malades.
Pourtant, on sait beaucoup de choses sur l’importance du mode de vie (alimentation, activité physique, sommeil, etc.) dans la prévention de ces maladies chroniques.
En effet, une pléiade d’études réalisées sur de grandes populations ont montré que nous pouvions vieillir en santé, ou du moins considérablement retarder l’apparition des maladies chroniques, en bougeant tous les jours et en mangeant raisonnablement bien.
Par ailleurs, les études d’interventions ciblant le mode de vie où les participants ont pu être encadrés par des équipes spécialisées (nutritionnistes, kinésiologues, infirmières, spécialistes du comportement) ont montré sans équivoque que lorsqu’on est aidé dans notre démarche visant à changer notre mode de vie, ça fonctionne !
Ce qui nous manque, ce sont des interventions à grande échelle réalisées sur le terrain où, par exemple, des milliers de patients avec le diabète de type 2 ou à risque de le devenir seraient affectés aléatoirement à un suivi médical classique ou à une intervention bonifiée dans laquelle on mesurerait et ciblerait leur mode de vie dans un contexte de vie réelle.
Ce type d’études pourrait également être réalisé chez des patients hypertendus, avec une insuffisance cardiaque ou avec une apnée du sommeil, par exemple. Tout cela dans le but de produire la science de la médecine du mode de vie.
Déception
Cela dit, je dois vous faire part de ma déception quant à la difficulté de faire de la recherche sur la prévention au Québec et au Canada.
Pourtant, d’après les commentaires que vous m’adressez, je réalise à quel point le thème de la santé par le mode de vie est un sujet qui vous intéresse.
Vous n’êtes pas les seuls ! En effet, nous venons tout juste de recevoir les dernières statistiques de la prestigieuse revue de cardiologie américaine, Circulation.
Parmi les 10 publications scientifiques qui ont reçu le plus d’attention en 2018, celles qui portaient sur l’impact de l’alimentation, de l’exercice, de l’importance du mode de vie et de la prévention des maladies cardiovasculaires ont été reçues avec le plus d’intérêt !
Même constat dans le réputé journal de l’Association médicale américaine (JAMA). Une étude de mon collègue Chris Gardner de l’Université Stanford en Californie qui comparaît deux diètes (faible en gras et faible en hydrates de carbone) a été de loin la plus populaire.
Malheureusement, bien que l’impact du mode de vie passionne la population, il n’y a pratiquement pas de financement disponible pour des études sérieuses en prévention (réalisées sur de grands effectifs et sur plusieurs années) au Québec et au Canada.
Pourtant, nous avons beaucoup d’expertise à Québec. En effet, avec plusieurs de mes collègues, nous sommes invités à donner des conférences sur la prévention par le mode de vie partout dans le monde, mais cette expertise ne sert pas notre coin de pays.
Investir en santé
Monsieur le premier ministre, la santé économique du Québec passera par des Québécois en santé, heureux, bien dans leur peau, productifs et créatifs.
Nous avons des ressources naturelles spectaculaires et un territoire encore relativement propre par rapport à d’autres régions dans le monde.
Les maladies chroniques nous coûtent une fortune et compromettent notre capacité à financer l’éducation, la culture et les programmes sociaux et économiques.
Donnez-nous les moyens de laisser un Québec meilleur à nos petits-enfants.
En 2019, investissons massivement en éducation à la santé et en prévention et laissons la démarche scientifique guider nos pas afin d’évaluer l’impact de nos actions.
* Jean-Pierre Després est professeur au Département de kinésiologie de la Faculté de médecine de l’Université Laval. Il est également directeur scientifique du Centre de recherche sur les soins et les services de première ligne de l’Université Laval, CIUSSS-Capitale Nationale et directeur de la science et de l’innovation de l’Alliance santé Québec.
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