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Lyme : un médecin tique sérieusement

LES FAITS

La Haute autorité de santé a dévoilé en juin dernier à Paris, le protocole national de diagnostic et de soins de la maladie de Lyme, élaboré pendant deux ans.

Ce protocole définit les nouvelles conditions de prise en charge des malades, une « population » qui compterait 55 000 nouveaux cas par an.

Selon Sciences et Avenir, « le diagnostic est plus délicat quand le patient se plaint de nombreux symptômes (plus de 70 possibles), quand il ne présente pas d’érythème migrant (sorte de rougeur en anneau centrifuge) ou qu’il n’a pas le souvenir d’avoir été piqué ».

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«  Je ne veux pas affoler, mais je compte des dizaines de cas par an dans ma patientèle. L’épidémiologie selon les indicateurs de veille sanitaire, explose.  » Le médecin généraliste, de sensibilité biologiste, Jérôme Collgros, qui exerce à la fois à l’hôpital de Crèvecœur-le-Grand dans l’Oise et à la maison médicale de Mailly-Maillet dans la Somme, évoque ouvertement le développement de cas de Borréliose ou de lyme, en Picardie. Il a participé samedi dernier à Montpellier à l’assemblée générale de la Fédération française des maladies vectorielles à tiques, FFMVT, à laquelle le docteur samarien appartient, pour une meilleure reconnaissance des droits des malades. Médecins, chercheurs et associations de patients ont échangé sur la prise en charge des « conséquences redoutables d’une piqûre de tique infectante ». Parmi les demandes de la FFMVT, que le malade salarié touché par le SPPT (syndrome persistant et polymorphe après une piqûre supposée de tique) puisse bénéficier d’une mutuelle d’entreprise qui prenne en charge le surcoût des traitements non remboursés par le régime général d’assurance maladie. Il s’agit notamment des soins d’ostéopathie, huiles essentielles, probiotiques et autres traitements recommandés par les médecins engagés au sein de la FFMVT.

«  Toute la France est en zone endémique  », précise aussi Jérôme Collgros, dont la thèse de recherche avait porté sur les maladies infectieuses équatoriales, avant son installation en Picardie. Et c’est l’une de ses patientes, Laurence Clabaut, domiciliée à Hébuterne dans le Pas-de-Calais voisin, qui a été reconnue en juillet par la Sécurité sociale comme la première des Hauts-de-France, prise en charge à 100 % SPPT, en application de la nouvelle loi de reconnaissance de la maladie qui constitue, enfin, une avancée positive. Patiente et médecin se sont rencontrés fortuitement par l’entremise d’une association locale, le Comité d’information cantonal de Forceville-en-Amiénois (CICAS) que préside Michel Collgros qui n’est autre que le père du médecin.

Une errance médicale de dix ans

Le bilan immunologique ne garantit pas une détection de la maladie et «  seulement 52 % des malades ont un test positif  ». «  Douleurs, fatigue voire troubles cognitifs… Les maladies dormantes peuvent aussi causer des pathologies diverses et communes  », rapporte son médecin. Pendant dix ans, Laurence Clabaut, ancienne sportive et cavalière d’extérieure, a connu l’errance médicale comme bien d’autres malades, les examens répétés, les douleurs articulaires et musculaires, la poly-médicamentation et la désocialisation.

Comme d’autres malades, on lui a même sous-entendu maladroitement un jour bien sombre qu’elle relevait de la psychiatrie, avant, enfin, la bonne prise en charge. Après un traitement antibiotique adéquat mais sévère, qui lui a valu la réaction de Herx, «  à ce moment-là je n’étais même plus capable de dire que 1 + 1 faisait 2  » raconte-t-elle, sa santé est enfin en voie d’amélioration. À défaut d’une totale guérison à cause de son système immunitaire qui reste faible. Reconnue ALD lyme chronique, elle se bat. «  Tout le monde peut un jour être touché par cette maladie. Les tiques sont le principal vecteur mais ne sont les seuls : tous les insecteurs hématophages, taons, moustiques, puces, araignées, peuvent la transmettre  », appuie Laurence Clabaut.

Fort de son expérience en Picardie, le médecin invoque aujourd’hui soixante cas de babésiose, une autre infection liée aux tiques, quand l’Agence régionale de santé (ARS) n’en reconnaîtrait que dix en France. «  Le milieu médical est globalement réticent à se confronter à la réalité du problème  », considère Jérôme Collgros. Les médecins généralistes sont, globalement, pas assez préparés. «  On a beaucoup de mal à faire entendre les maladies émergentes vectorielles. Même si le SPPT semble faire consensus, il faut aller plus loin. Notamment sur le plan de la formation des médecins généralistes  », insiste-t-il.

«  J’ai fait venir cette année à Amiens le docteur Raouf Ghozzi pour une formation régionale. Et finalement, nous n’étions que huit, cinq de l’Oise, moi seul pour la Somme et un confrère venu de Rouen. C’est bien trop peu  », regrette encore Jérôme Collgros. Il doit rencontrer prochainement un représentant de l’ARS pour proposer une nouvelle formation en 2019. Il attend aussi la création d’un centre de référence régional pour des recherches entre généralistes et infectiologues. Et il appelle enfin de ses vœux l’ouverture d’une consultation spécialisée pour les maladies vectorielles au CHU d’Amiens.

«  Le but est de freiner la progression de l’épidémie et d’améliorer le taux de rémission, voire de guérison, estimé actuellement seulement à 64 %  », termine le médecin Jérôme Collgros. Sinon, à la campagne, les poules restent les meilleures prédatrices des tiques. Même si elles ne suffisent pas à endiguer la progression de cette maladie.

Nicolas TOTET

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Vraiment se méfier dans la nature

Dans les pâtures, les jardins, les forêts, il faut éviter les hautes herbes, se protéger avec des vêtements longs, s’asperger d’un répulsif et inspecter son corps, sans oublier la tête, après une activité en pleine nature. Il ne faut jamais remettre les vêtements le lendemain. Faire attention à la campagne est indispensable et en particulier au contact d’animaux, chiens, chats et chevaux qu’il est aussi nécessaire de traiter préventivement. Les jardiniers, les chasseurs, les randonneurs et les cueilleurs de champignon doivent se méfier au premier chef. Il est important de posséder un kit tire-tique pour retirer le parasite le plus tôt possible. «  Il faut surveiller l’emplacement de la piqûre indolore et la réaction. Si la rougeur mesure plus de trois centimètres, il faut consulter un médecin. Les situations de fatigue et de douleur articulaire peuvent être des symptômes d’une infection  », précise le médecin, tout en pondérant, «  8 % des piqûres de tiques sont infectantes  ».

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