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Les experts s'inquiètent d'une baisse du financement dans la lutte contre le sida

Les avancées dans la recherche contre le sida sont considérables, mais l’éradication de l’épidémie est encore loin d’être atteinte, préviennent des experts du monde entier, estimant que des milliards de dollars supplémentaires seront nécessaires pour atteindre un tel objectif.

Réunis à Amsterdam, aux Pays-Bas, pour assister à la Conférence internationale sur le sida, qui se tient de lundi à vendredi, chercheurs et acteurs du milieu ont tiré la sonnette d’alarme dimanche .

Ils craignent une baisse du financement alloué à la recherche internationale et à la prévention, notamment de la part des États-Unis, premier contributeur historique de la lutte contre le sida. Depuis son élection en 2016, le président Donald Trump a prévu de sabrer les budgets consacrés au Plan présidentiel d’urgence contre le sida (PEPFAR), lancé en 2003 par George W. Bush.

Une attitude vivement critiquée par Jean-Pierre Routy, chercheur spécialisé en VIH et hématologue au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). « On l’a vu avec d’autres maladies, comme la malaria ou la tuberculose : quand les fonds diminuent, l’épidémie repart de plus belle. Les traitements sont de plus en plus efficaces et bien tolérés, il ne faudrait pas risquer un arrêt d’acheminement des médicaments dans les pays les plus touchés, on aurait encore plus de malades », confie M. Routy, qui doit donner une conférence à Amsterdam mercredi.

En stigmatisant les personnes qui ont des problèmes de drogue par injection, on les éloigne du système de santé et on les prive d’un dépistage et de traitement

À l’heure actuelle, il y aurait déjà un manque à gagner : pour que la maladie ne représente plus une menace pour la santé publique mondiale d’ici 2030 — l’objectif que s’est fixé l’ONUSIDA, l’instance de lutte contre le sida de l’ONU —, près de 7 milliards supplémentaires par an seront nécessaires.

« Je doute qu’on atteigne l’objectif si on s’en tient aux travaux scientifiques et surtout si les fonds sont coupés, indique M. Routy. En même temps, il y a 15 ans, on n’aurait jamais pensé que plus de la moitié [des personnes infectées dans le monde] serait aujourd’hui sous traitement pour combattre la maladie. »

Loin du but

Si, à l’échelle mondiale, la maladie recule depuis quelques années, elle est toujours bien présente. Près de 37 millions de personnes vivent encore avec le VIH et environ deux millions de nouvelles infections sont contractées chaque année.

Les recherches ont toutefois permis de réduire le nombre de morts, qui est passé sous la barre d’un million en 2016 (990 000) et aussi en 2017 (940 000), une première depuis le début du siècle. Mais le virus reste incurable et sans vaccin, même après plus de trois décennies de recherche.

Dans une cinquantaine de pays, les infections sont même en hausse, faute de prévention ou en raison des lois répressives envers les populations à risque, telles que les homosexuels ou les toxicomanes.

« En stigmatisant les personnes qui ont des problèmes de drogue par injection, on les éloigne du système de santé et on les prive d’un dépistage et de traitement. Pendant ce temps-là, ils contaminent toujours plus de personnes sans le savoir, et risquent de mourir », regrette le directeur général de la Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida (COCQ-SIDA), Ken Monteith. Il fait remarquer que la mise en place de services d’injection supervisée au Québec a notamment permis de réduire les cas de VIH auprès de ce type de population.

Plus de prévention ?

Donner la priorité au traitement du VIH plutôt qu’à sa prévention aurait été « une erreur stratégique », estime quant à elle la présidente de la Société internationale sur le sida (IAS), Linda-Gail Bekker, interrogée par l’AFP la semaine dernière. « Il n’y a pas d’épidémie dont nous nous soyons sortis par des traitements », a-t-elle affirmé, citant le virus Ebola ou la tuberculose. Elle croit plutôt aux bénéfices de la prévention : préservatifs, aiguilles neuves pour les toxicomanes et médecine préventive.

Favorable à davantage de prévention, Jean-Pierre Routy reste néanmoins sceptique, constatant que celle-ci peine à avoir un réel impact sur les populations à risque, qui doivent pourtant impérativement changer leur comportement. « Porter des préservatifs, se faire dépister souvent : ça fatigue les gens qui, à un moment donné, ont un moment de faiblesse et font l’amour sans protection, raconte le chercheur. C’est que le sida fait moins peur maintenant qu’on sait qu’on peut vivre avec la maladie en prenant des médicaments. »

À ses yeux, la recherche doit continuer afin de trouver un vaccin, « la façon la plus réaliste de supprimer la maladie à long terme ».

Avec l’Agence France-Presse

Le Canada présent à la Conférence sur le sida

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