La momie “extraterrestre” d'Atacama livre enfin ses secrets
Crédits Photo : Dr. Emery Smith
Renommé “Ata” depuis, ce squelette a la particularité d’être parfaitement conservé. Il faut avouer que les conditions extrêmes du désert d’Atacama, considéré comme l’endroit le plus aride sur Terre, ont permis à ce dernier de ne pas subir les affres du temps.
Trouvé il y a une quinzaine d’années, il n’a cessé de soulever des questions depuis. Il faut dire que sa taille et sa forme ont de quoi intriguer. Mesurant 15 centimètres, ce dernier dispose d’un crane anormalement allongé, d’un visage déformé par de très grandes orbites et de seulement 10 côtes (contre 12 normalement). Il n’en fallait pas plus pour que des chercheurs peu scrupuleux crient à la trouvaille extraterrestre.
Le désert d’Atacama, le plus aride du monde.
Cependant, une partie de la sphère scientifique fut prise au dépourvu par la découverte. C’est le cas de Garry Nolan, un microbiologiste et immunologue de l’université de Stanford qui s’est sérieusement penché sur le cas. Dès 2013, il était arrivé à la conclusion qu’Ata était bel et bien humain et atteint de malformations sévères. Mais de nombreuses questions restaient néanmoins en suspens, notamment concernant son sexe ou les raisons d’une telle difformité. Un cas de nanisme avait déjà été évoqué sans pour autant que des preuves soient apportées.
D’autres voix, comme celle du curateur du musée Horiman de Londres, avaient affirmé qu’il s’agissait probablement d’un fœtus avorté et non d’un jeune enfant. Ce dernier aurait ainsi été déposé près d’une église située dans le désert.
Cinq ans plus tard, Nolan et son équipe, composés notamment d’Atul Butte, directeur de l’Institut pour les sciences de la santé computationnelle à l’Université de Californie, se sont lancés dans l’analyse génétique du corps d’Ata.
Crédits Photo : Dr Emery Smith
Cette étude passionnante, récemment publiée hier dans le très sérieux journal Genome Research, souligne la présence de nombreuses mutations. Le séquençage complet de l’ADN, facilité par l’état intact du squelette, a permis d’observer que plusieurs gènes responsables du développement des os comportaient des anomalies.
Elles ont modifié l’apparence d’Ata comme jamais cela n’avait encore été observé chez un humain. L’étude souligne que le corps, qui date d’une quarantaine d’années, montre des signes de vieillissement prématuré. Il s’agit effectivement d’un fœtus féminin, de parents chiliens. Les chercheurs ont d’ailleurs trouvé des signes évidents de dysplasie osseuse.
L’analyse précise des gènes a montré qu’au moins sept d’entre eux montraient des mutations, qui ont logiquement contribué aux caractéristiques physiques d’Alta. L’aspect insolite de la découverte tient dans le fait que la recherche d’une anomalie se fait très souvent sur un seul gène. Le nombre de mutations présentes ici est particulièrement impressionnant, comme le précise Atul Butte.
“Le nombre de mutations que présente le corps de cet enfant est assez surprenant. Les enfants atteints de maladies rares subissent fréquemment un séquençage génétique, mais dans le milieu médical, on recherche très souvent « le gène » contenant un problème. On pense souvent que l’explication la plus évidente est la bonne. […] Cela m’apprend que lorsque l’on veut spécifier leur problème à des patients malades, on ne devrait pas s’arrêter à un seul gène défaillant expliquant leur condition. Plusieurs d’entre eux peuvent en fait avoir un souci. Cela pourrait nous aider à mieux choisir les thérapies à l’avenir.”
Crédits : Dr. Emery Smith
Ce cas au départ mystérieux aura donc permis aux scientifiques d’affiner la manière dont ils analysent l’intégralité du génome. En sciences, rien ne se perd.
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