Impuissance, hypermédicalisation, manque de vigilance. Les hypothèses pleuvent pour expliquer comment le système a failli deux fois en deux mois à prévenir un meurtre familial commis par des hommes qui étaient déjà suivis en psychiatrie.
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«Parfois, quand ils sont très décidés [à passer à l’acte], ils ne donneront pas beaucoup d’indices», explique le Dr Gilles Chamberland, psychiatre à l’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel.
Fin octobre, un père de famille a sauvagement abattu ses deux enfants avant de s’enlever la vie, dans le quartier Tétreaultville à Montréal. L’homme avait été hospitalisé pour p ropos suicidaires neuf jours auparavant.
Cet homicide qui ressemble à celui d’hier sur plusieurs points, notamment parce qu’ils se sont produits en contexte de rupture conjugale et que dans les deux cas, l’auteur était suivi en psychiatrie.
Pour le Dr Chamberland, cela vient mettre en lumière la difficulté de prévenir ces drames. Nos choix de société font en sorte qu’en santé mentale, les droits et libertés des individus priment souvent sur l’importance de sauver des vies.
«On ne peut pas garder des gens en détention préventive en se basant sur des suppositions», explique-t-il.
Et même quand on soupçonne une personne d’être un danger pour elle-même ou pour autrui, «la barre est haute» pour que les intervenants puissent la forcer à être gardée à l’hôpital contre son gré.
«On doit attendre que la personne soit dangereuse». Et on parle ici d’un danger «grave et immédiat», souligne le Dr Chamberland.
Pour le psychologue Jean-Philippe Vaillancourt, c’est toute l’approche du système qui est mal adaptée aux problèmes de santé mentale.
«On est dans une ère où on veut que tout se règle rapidement.» Cela laisse peu place pour que la souffrance des gens en détresse soit «réellement entendue» dans le cadre d’une relation thérapeutique qui demande du temps, explique-t-il.
Les problèmes psychologiques sont donc traités comme des maladies physiques, avec des médicaments qui entraînent des effets secondaires et dont l’efficacité à long terme n’est pas toujours démontrée, ajoute-t-il.
Reste que la détresse n’explique pas tout, car l’auteur du meurtre découvert hier avait des antécédents de violence conjugale, rappelle Manon Monastesse de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes.
Ce qu’ont en commun ces hommes, c’est leur désir de contrôle absolu sur leur conjointe et leurs enfants. «Dans leur tête, ils se disent : si elle n’est pas avec moi, elle [la conjointe] ne sera avec personne.»
Leur désir de vengeance témoigne donc de leurs valeurs stéréotypées, explique-t-elle.
«Je pense qu’il pourrait y avoir plus de réflexion sociale entourant les ruptures et séparations, les disputes de garde [d’enfants], dit de son côté Suzanne Léveillé, psychologue et professeure à l’UQTR.
«Il faut parler de cette colère [...] de comment les gens ont de la difficulté à vivre ces ruptures.»
Elle suggère que l’ensemble des intervenants qui accompagnent les gens en détresse soient davantage conscientisés au fait que la période entourant une rupture amoureuse constitue un facteur de risque de violence conjugale, mais aussi de filicide [meurtre d’un enfant].
Le nombre de meurtres familiaux n’est pas forcément en hausse, mais le nombre de cas qui combinent à la fois un suicide et un homicide, oui, note-t-elle.
Si vous avez besoin d’aide
Ligne québécoise de prévention du suicidebrbrReplacementbrbr
1 866 APPELLE (277-3553)
Jeunesse, J’écoute brbrReplacementbrbr
1 800 668-6868
Tel-JeunesbrbrReplacementbrbr
1 800 263-2266
SOS Violence conjugalebrbrReplacementbrbr
https://www.sosviolenceconjugale.ca/
1 800 363-9010
https://news.google.com/__i/rss/rd/articles/CBMiZ2h0dHBzOi8vd3d3LnR2YW5vdXZlbGxlcy5jYS8yMDE5LzEyLzEyL3VuLXN5c3RlbWUtZGUtc2FudGUtcXVpLWVjaG91ZS1kZXV4LWZvaXMtZW4tbW9pbnMtZGUtZGV1eC1tb2lzLTHSAQA?oc=5
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