Dix ans après l’implantation du programme de vaccination contre les virus du papillome humain (VPH) dans les écoles primaires, le vaccin a démontré son efficacité dans les dernières années au Canada, selon une recension de plusieurs études menées à travers le pays.
La recherche publiée récemment dans le Journal d’obstétrique et gynécologie du Canada indique que le vaccin a contribué à diminuer les infections au virus, les verrues anogénitales et les lésions du col de l’utérus qui peuvent causer un cancer.
Les risques d’infection ont décru de 45 % dans certaines cohortes et les risques d’apparition de lésions au col de l’utérus ont chuté de 86 % dans certains cas.
Au Québec, le docteur Marc Steben a constaté une diminution de 45 % des cas de verrues anogénitales chez les filles âgées de 15 à 19 ans, et de 19 % chez les femmes de 20 à 24 ans. Chez les garçons de 15 à 19 ans, on a observé une réduction de 21 %.
D’ailleurs, toujours au Québec, le risque d’infection demeure beaucoup plus élevé chez les femmes qui n’ont pas été vaccinées, comparativement à celles qui l’ont été (47,2 % contre 36,1 %).
Les résultats sont même plus encourageants que prévu, a indiqué en entrevue le docteur Steben, l’auteur principal de l’étude.
« C’est arrivé plus tôt que ce qui était prévu par les modèles mathématiques », a-t-il soutenu.
Depuis plus de dix ans, le vaccin est offert aux filles de 4e année du primaire, et depuis 2016, les garçons du même âge le reçoivent également. Le vaccin est également disponible gratuitement pour les personnes de moins de 26 ans dont le système immunitaire est affaibli et pour les hommes de moins de 26 ans qui prévoient avoir des relations sexuelles avec d’autres hommes.
Encore du travail à faire
Mais malgré ces bons résultats, il ne faut pas s’arrêter là, selon le docteur Steben.
« On s’aperçoit qu’il reste encore des poches de vulnérabilités importantes pour les maladies reliées au VPH : les femmes immigrantes, réfugiées, qui ont des problèmes de santé mentale, des problèmes sociaux — comme les gens de la rue — les personnes qui ont eu la chimiothérapie », a-t-il indiqué.
« [Dans ces populations], le taux de pénétration du vaccin est nettement insuffisant et on sait que c’est particulièrement ces gens-là qui vont avoir une maladie. »
Il faut aussi augmenter le dépistage du cancer du col de l’utérus, selon lui. Jusqu’à 60 % des femmes qui auront le cancer du col de l’utérus n’auront jamais subi le fameux test PAP, qui permet de détecter la présence d’anomalies au col de l’utérus. Et on estime qu’une femme sur sept n’a jamais eu de test PAP au cours de sa vie.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a donné pour objectif aux différents pays d’éradiquer le cancer du col de l’utérus d’ici 2030. En mai, le Canada va se constituer un groupe d’experts, qui fera des recommandations pour s’assurer que le pays atteigne cet objectif.
« Si on veut arriver à l’objectif de 2030, il va falloir augmenter la proportion des personnes vaccinées en préexposition, augmenter l’accès pour les personnes particulièrement vulnérables. Il faut augmenter le dépistage et la vaccination », a résumé le docteur Steben.
La recension publiée dans le Journal d’obstétrique et gynécologie du Canada a été financée par la pharmaceutique Merck, qui fabrique le vaccin Gardasil, mais cela ne fausse pas les résultats pour autant, assure le médecin.
« On doit passer par le comité de révision de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada, donc on sait qu’il y a au moins deux personnes qui sont choisies par l’éditeur du journal qui sont responsables de vérifier la validité de ces données », a-t-il expliqué.
Il souligne également qu’il s’agit d’une recension d’études déjà existantes, dont celle qu’il a pilotée à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
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