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Un CHSLD prouve que des médecins prescrivent trop d'antipsychotiques

Un CHSLD du Centre-du-Québec a réduit de façon importante la prise d’antipsychotiques chez des patients avec des trucs pourtant très simples comme une poupée, des photos de famille et des boules de lumière pour le bain.

Les médecins du Québec prescrivent deux fois plus d’antipsychotiques aux aînés de 65 ans et plus que le reste du Canada.

Ces médicaments aident à garder tranquilles les personnes âgées souffrant de démence, mais augmentent les risques de chute, d’accident vasculaire cérébral (AVC) et de mortalité.

Depuis janvier, le Centre Christ-Roy de Nicolet participe à un projet pilote avec 23 autres centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) visant à réduire la prise d’antipsychotiques chez les aînés.

En seulement quatre mois, les résultats de l’expérience de Nicolet sont spectaculaires.

Jusqu’à présent, sur six aînés qui participent, quatre ont cessé complètement la prise d’antipsychotiques et deux ont réduit de plus de la moitié leur consommation.

Pas de diagnostic

De 40 à 60 % des patients en CHSLD dans la province consomment des antipsychotiques sans avoir reçu de diagnostic de psychose, tandis que la moyenne canadienne est autour de 24 %, d’après la Fédération canadienne pour l’amélioration des soins de santé.

Le problème est exactement là, dit le ministre de la Santé Gaétan Barrette.

«On va trop rapidement à l’utilisation de ce médicament-là. Le projet vise à faire en sorte qu’on utilise l’antipsychotique, autant que possible, seulement pour les problèmes de psychoses», a-t-il dit en entrevue au «Journal de Montréal» vendredi.

Pas moins de 80 % des aînés en CHSLD au Québec ont des troubles neurocognitifs majeurs, qui occasionnent des comportements liés à la démence.

Une poupée

Ce qui étonne, c’est la facilité avec laquelle le CHSLD de Nicolet a pu arriver à ce résultat.

Par exemple, une femme qui fait de l’errance, de l’intrusion dans les autres chambres et qui déplace des objets a reçu un tablier avec une grande poche sur lequel on a attaché une poupée. Sa démarche a pris de l’assurance et elle risque moins de tomber depuis que sa dose d’antipsychotiques a été réduite par 10.

«On la voit se promener dans le corridor et parler à sa poupée. Le temps qu’elle se promène et qu’elle en prend soin, ça a diminué son problème d’intrusion», explique le pharmacien interne Michaël Arguin.

Une autre dame trouve du réconfort dans un tiroir aménagé pour elle dans lequel on a mis des photos de famille.

Pour un homme qui avait horreur du bain, on a acheté des boules lumineuses à mettre dans l’eau afin de le divertir.

Le CHSLD a aussi acheté le nécessaire pour de l’éventuelle musicothérapie et est en processus pour se procurer un appareil qui réchauffe les couvertures et les serviettes.

Et les patients se sentent beaucoup mieux

Aimé Marcotte, 90 ans, semble mieux depuis que sa dose d’antipsychotiques a chuté de plus de moitié. L’homme souffre d’Alzheimer et ne peut pas verbaliser son mieux-être, mais certains signes ne mentent pas.

«On s’est aperçu cet hiver qu’il était plus souriant quand on allait le visiter. Il jase un peu plus qu’avant aussi. C’est une bonne chose qu’il ait le moins de produits chimiques possible dans le corps», explique son fils, Jacques Marcotte.

Un deuxième groupe de sept aînés commencera le projet pilote au Centre Christ-Roy dans les prochains jours.

Le pharmacien Michaël Arguin estime que ce type de médicament a été prescrit à tort pendant des années pour contrôler des comportements problématiques liés à la démence, comme l’errance, le déplacement d’objet ou le fait de parler sans cesse. Mais le médicament n’est pas réellement efficace pour ce type de problématique.

«S’il y a une efficacité, c’est celle d’endormir le patient ou de le contentionner chimiquement. Le patient n’est plus tannant, mais c’est parce qu’il est figé dans ses mouvements et sa pensée», explique-t-il.

Abrutissant

Cependant, dans plusieurs cas, l’antipsychotique n’a pas d’effet réel sur ces comportements à part le côté abrutissant. Le jeu n’en vaut pas la chandelle, en raison des effets secondaires importants qui augmentent le taux de mortalité.

«C’est une vieille habitude qu’on avait, même ici à l’interne, de se dire que si le patient est agité, on appelle le médecin pour qu’il lui prescrive une pilule. On sait maintenant que la pilule devrait être la dernière ligne de traitement», explique M. Arguin.

Pour tout le Québec

La communauté médicale se soucie davantage de l’usage des antipsychotiques depuis que la Société américaine de gériatrie avait envoyé un signal d’alarme sur les risques d’effets secondaires en 2014.

Québec veut que le projet de déprescription nommé OPUS-AP (optimiser les pratiques, les usages, les soins et les services–antipsychotiques) soit étendu à l’ensemble de la province pour 2021.

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http://www.tvanouvelles.ca/2018/05/01/trop-de-prescriptions-selon-un-chsld

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