
La Journée mondiale de la sclérose en plaques, ce 30 mai, est chaque année l'occasion de faire mieux connaître au grand public cette maladie auto-immune neurodégénérative, qui touche 2,5 millions de jeunes adultes dans le monde dont 100.000 en France. C'est un marché potentiel de 20 milliards de dollars qui a déjà suscité la convoitise de laboratoires comme Sanofi, Novartis, Roche ou Biogen. Il est ainsi devenu de plus en plus concurrentiel avec la multiplication des médicaments disponibles et l'arrivée de génériques des produits les plus anciens comme le Glatopa de Sandoz copie du Copaxone de Teva.
Pour aider les médecins dans leur choix, des recommandations ont été édictées par les sociétés savantes des deux côtés de l'Atlantique, notamment autour de la problématique du rapport bénéfice/risque . De manière générale, plus les médicaments sont efficaces (en espaçant les poussées de la maladie), plus ils ont des effets secondaires potentiels lourds. Car la sclérose en plaques étant une maladie auto-immune, ses traitements visent à éteindre, ou limiter l'activité du système immunitaire. Avec comme contrepartie un risque accru d'infections et de cancers, à prendre d'autant plus en considération qu'il s'agit de traitements à vie.
Test sanguin
En première ligne, les médecins commencent donc par prescrire, outre les interférons, le Copaxone (en stylo injectable) ou des produits par voie orale comme l'Aubagio de Sanofi (1,81 milliard de dollars de ventes en 2017) ou le Tecfidera de Biogen (4,2 milliards de dollars), qui ont généralement la préférence des patients. « Mais pour les deux médicaments oraux, on a moins de recul, explique Catherine Lubetzki, neurologue à La Pitié Salpétrière et membre du conseil scientifique de l'Arsep (fondation qui soutient la recherche sur la sclérose en plaques). Les patients qui les utilisent doivent se soumettre à des contrôles réguliers », indique-t-elle.
Quand la maladie échappe à ces premiers traitements, les médecins doivent passer à des médicaments plus puissants, qui sont aussi plus risqués, comme le Tysabry de Biogen (2,3 milliards de dollars de ventes en 2017), le Gilenya de Novartis (3 milliards de dollars) ou le Lemtrada de Sanofi (547 millions de dollars). Les deux premiers ont déjà donné lieu à des cas de PML (Leucoencéphalopathie multifocale progressive), une infection cérébrale mortelle liée à la réactivation d'un virus. « On dispose malgré tout aujourd'hui d'un test sanguin qui permet de mesurer l'importance de l'exposition antérieure du patient au virus, tempère Catherine Lubetzki. Et on évite de prescrire ces médicaments aux patients les plus à risques ».
Place à part
Quant au Lemtrada de Sanofi, il peut provoquer certaines pathologies thyroïdiennes notamment, et augmente le risque de cancers. « En France, il est autorisé mais non remboursé et donc pas prescrit », explique Catherine Lubetzki. Dernier autorisé en Europe (non disponible en France), le Mavenclad de Merck Serono est, quant à lui, réservé aux formes les plus actives de la maladie notamment en raison de ses effets secondaires (risques d'infections et de cancers accrus). On lui prédit entre 230 et 470 millions de dollars de ventes.
Ces différents traitements permettent d'espacer les poussées mais il n'est pas sûr qu'ils ralentissent significativement l'évolution de la maladie, reconnaît Catherine Lubetzki. Dans ce tableau, l'Ocrevus de Roche (510 millions de dollars en 2017), disponible en France seulement sous autorisation temporaire d'utilisation (ATU) pour l'instant, occupe une place particulière: c'est le premier à avoir aussi un effet sur la forme dite progressive, la plus agressive, et sur l'aggravation du handicap. Les investisseurs lui prédisent ainsi un bel avenir, à 4 milliards de dollars de revenus en 2022.
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