Une télévision dans la chambre d'un enfant d'âge préscolaire l'expose à des risques pour sa santé mentale et physique à l'adolescence, constate une chercheuse de l'Université de Montréal après avoir réalisé une récente étude. Et cette conclusion s'applique à tout type d'écran, dont une tablette, ajoute-t-elle.
La surexposition à un écran dans la chambre durant la petite enfance nuirait au développement d'autres compétences plus riches et pourrait expliquer, en partie, les mauvaises habitudes alimentaires, un indice de masse corporelle élevé et des difficultés socioaffectives, selon l'étude publiée dans la revue Pediatric Research.
Linda Pagani, professeure à l'École de psychoéducation de l'Université de Montréal et chercheuse au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, présente ses résultats de recherche vendredi à Paris, où se déroule actuellement un colloque international, soit l'International Convention of Psychological Science.
Pour réaliser l'étude, Mme Pagani et son équipe ont bénéficié des précieuses données recueillies par l'Institut de la statistique du Québec (ISQ).
Cela lui a permis de se pencher sur une importante cohorte d'enfants nés en 1997, comportant 907 filles et 952 garçons.
Elle a ciblé les enfants à 4 ans, puis a également évalué les données lorsqu'ils avaient atteint l'adolescence, à l'âge de 12 et 13 ans.
Sans télévision dans la chambre, les enfants de 4 ans la regardaient en moyenne deux heures et demie par jour. Avec un écran, cela pouvait aller jusqu'à huit heures par jour, soit une grande variation, fait-elle remarquer.
Et pourquoi la télévision? Parce qu'à l'époque, c'était l'écran qui existait. Une bonne chose pour la chercheuse car il n'y avait alors qu'une seule variable à isoler pour les fins d'études statistiques. Aujourd'hui, la multitude d'écrans — téléphone portable, ordinateurs et tablettes — accessibles aux enfants ne permettrait pas de recueillir les données de la même façon.
Mais ses constats se transposent tout aussi bien aux écrans «plus modernes» qui peuvent désormais se trouver dans la chambre d'un bambin, a-t-elle souligné depuis Paris.
Selon elle, les résultats de l'étude valent la peine que les parents s'y attardent.
Ils savent intuitivement que la façon dont les enfants occupent leur temps libre a des répercussions sur leur bien-être à long terme, note-t-elle.
Mais ses données et constats de recherche confirment et appuient ce qu'ils pouvaient redouter.
Parmi ces résultats, celui-ci ressort: trop de temps passé devant un écran empêche un enfant de s'adonner à d'autres activités physiques et mentales plus enrichissantes et importantes. Les enfants risquent de ne pas avoir suffisamment d'interactions physiques et sociales pour favoriser un développement physique et socioaffectif optimal, fait-elle valoir.
À l'adolescence, d'un point de vue physique, ils sont davantage susceptibles d'avoir un indice de masse corporelle considérablement plus élevé — ce qui a été mesuré par des spécialistes indépendants. Ce qui serait causé en bonne partie par la sédentarité de l'activité, relate Mme Pagani.
Et d'un point de vue psychologique, ils présentent un niveau de sociabilité plus faible et une détresse émotionnelle plus grande, est-il souligné dans l'étude.
Regarder la télévision étant une activité solitaire, les enfants n'apprennent pas autant à interagir avec d'autres, à gérer des conflits et à faire des compromis, toutes des aptitudes sociales fort utiles à l'adolescence et à l'âge adulte.
Le lieu où se trouve la télévision a un impact, a ajouté la professeure en entrevue. Car la chambre est un endroit privé, souvent hors des yeux des parents, qui ont alors moins de contrôle sur les activités de leur progéniture.
https://quebec.huffingtonpost.ca/2019/03/08/tele-chambre-enfant-risques-sante_a_23688114/Bagikan Berita Ini
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