
Les entrepreneurs de la Silicon Valley semblent avoir une facheuse tendance à faire des promesses éloignées de la réalité. Après Theranos , une biotech qui a menti sur sa capacité à réaliser des centaines de tests sanguins avec une seule goutte de sang, une autre start-up californienne vient d'être rappelée à l'ordre par l'autorité sanitaire américaine la semaine dernière.
Ambrosia, une jeune pousse créée à Monterey en 2016, a transfusé 150 personnes avec le sang de donneurs de moins de 25 ans. Coût : 8.000 dollars par litre. Objectif : permettre aux riches particuliers de ralentir leur vieillissement et prévenir l'apparition de maladies graves. La start-up a bénéficié d'une couverture abondante dans la presse après la publication par le magazine « Inc » d'un article en août 2016 qui mentionnait l'intérêt de Peter Phiel , le milliardaire co-fondateur de PayPal, pour cette prétendue cure de jouvence .
« Pas de bénéfices cliniques prouvés »
La semaine dernière, la Food and Drug Administration (FDA) a sifflé la fin de la partie. L'agence fédérale a fait part de son inquiétude « à l'idée que certains patients soient victimes d'acteurs sans scrupules promouvant des traitements à base de plasma de jeunes donneurs comme des cures ».
Elle souligne qu'il n'y a « pas de bénéfices cliniques prouvés » pour soigner ou prévenir le vieillissement naturel, les maladies d'Alzheimer ou de Parkinson, et indique que ces traitements sont « potentiellement dangereux ». L'autorité sanitaire évoque notamment les risques « infectieux, allergiques, respiratoires et cardiovasculaires » associés à l'administration de larges volumes de sang.
Ambrosia a rapidement réagi en annoncant sur son site qu'elle suspendait ses traitements. L'offensive de la FDA intervient un mois après que la start-up ait lancé un plan d'expansion. En janvier, la société a commencé à proposer son traitement dans cinq villes américaines. Elle a également indiqué vouloir ouvrir une clinique à New York puis au Texas et dans l'Ohio.
150 personnes transfusées
Le problème est qu'Ambrosia n'a jamais publié de données sur l'efficacité de son traitement. Ce qui n'a pas empêché son fondateur de se vanter dans les médias des « résultats positifs » obtenus chez les personnes transfusées. Il a notamment évoqué un recul des biomarqueurs du cancer et de la maladie d'Alzheimer.
Plus de la moitié des clients ont participé à un essai clinique lancé à l'été 2016. L'étude, qui n'incluait pas de groupe de contrôle, a été cloturée en janvier 2018, mais les résultats n'ont jamais été soumis à une évaluation par des pairs ni publiés.
La communauté scientifique avait déjà fait part de son inquiétude au cours des derniers mois. Jesse Karmazin, le fondateur, disait vouloir reproduire les bons résultats de plusieurs études sur les souris. Mais celles-ci reposaient sur la parabiose, une technique qui ne se résume pas à une simple transfusion - elle relie deux organismes afin d'établir entre eux une seule et même circulation sanguine.
Interdiction de l'ordre des médecins
Le parcours du PDG n'est sans rappeler celui d'Elizabeth Holmes . Comme la créatrice de Theranos, le trentenaire a abandonné ses études en cours de route, ne finissant pas son internat de médecine dans un hôpital de Boston. L'ordre des médecins du Massachussets lui a ensuite interdit l'exercice du métier pour des raisons restant mystérieuses. Mais contrairement à Theranos, ces signaux négatifs ont été repérés par les investisseurs. La start-up n'a pas levé de fonds malgré ses tentatives d'approche.
Alkahest, une autre jeune pousse lancée par le directeur du centre de recherche sur Alzheimer de Stanford, espère que l'affaire ne va pas discréditer tout le secteur. En janvier, l'entreprise a publié les résultats d'un véritable essai clinique sur 19 personnes de plus de cinquante ans souffrant de la maladie d'Alzheimer dans la revue Jama. Pendant un mois, la moitié des patients a reçu une injection hebdomadaire de 250 ml de sang de volontaires entre 18 et 30 ans. Les chercheurs décrivent la transfusion comme « sûre et bien tolérée » mais précisent que des essais à plus grande échelle doivent être réalisés pour tirer des conclusions sur les potentiels bénéfices.
https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/0600796550376-une-start-up-offrant-des-transfusion-de-sang-dadolescents-dans-le-collimateur-de-la-fda-2248927.phpBagikan Berita Ini
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