
La mémoire verbale définit la capacité à retenir des informations nouvelles acquises. Quelqu’un qui a des problèmes de mémoire verbale, par exemple, pourra poser des questions concernant des éléments discutés seulement quelques minutes plus tôt.
Deux chercheurs du University College London ont analysé des données provenant de près de 3700 personnes âgées de 50 ans et plus. Celles qui écoutaient plus de 3,5 heures de télévision par jour, ont-ils dit, présentaient un déclin de leur mémoire verbale au cours des six années suivantes.
Les chercheurs disent avoir mesuré chez elles un déclin de 8 à 10 pour cent de la mémoire verbale. Chez les participants qui écoutaient moins de 3,5 heures de télévision par jour, le déclin était deux fois moins important, soit de 4 à 5 pour cent.
Ils expliquent que la nature passive de la télévision - comparativement à des activités plus interactives, comme les jeux vidéo ou la navigation sur internet - génère possiblement un stress cognitif qui contribue au déclin de la mémoire.
«Je suis tout à fait en désaccord, a dit le docteur Christian Bocti, du service de neurologie du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke. On sait que dans les dix années avant un diagnostic de maladie d’Alzheimer ou de démence, on a des changements cognitifs, donc toutes les études (...) qui prétendent trouver une association causale, mais qui sont à l’intérieur de dix ans d’un diagnostic, à mon avis ne sont pas valides.»
Le lien de causalité entre le fait de regarder plus de télévision et le déclin cognitif constaté doit être sérieusement remis en question, croit-il.
Il rappelle que dix années pourront s’écouler entre les débuts de la maladie d’Alzheimer dans le cerveau et un diagnostic. Pendant ces dix années, le patient risque de réduire ses activités de manière progressive: le temps auparavant consacré à la lecture ou à des activités plus compliquées devra être comblé, «et éventuellement par défaut je vais davantage regarder la télé».
«D’après moi, c’est une activité qui est une manifestation des troubles cognitifs débutants plutôt qu’une cause des troubles cognitifs qui s’installent», a-t-il expliqué.
Des données canadiennes publiées il y a 20 ans abondent dans ce sens, selon le docteur Bocti. Une étude publiée dans les années 1990 avait démontré qu’une perte de loisirs compte parmi les signes les plus précoces d’un déclin cognitif qu’il soit possible de détecter.
«Si vous avez trois ou quatre loisirs à l’extérieur de votre domicile, et que vous faites de moins en moins de loisirs, qu’est-ce que vous allez faire? Vous allez regarder plus la télévision. Donc c’est probablement ça qu’ils (les chercheurs britanniques) ont observé dans leur étude.
«Je suis très surpris que ce papier-là ait été accepté par Nature parce que c’est une association, à mon avis, qui ne tient pas du tout la route, a-t-il affirmé. Le fait que ce soit publié dans Nature... Je suis presque au bord d’écrire une lettre à l’éditeur pour dire que je suis contre.»
Les conclusions de cette étude sont publiées par le journal Scientific Reports, qui fait partie de la famille Nature.
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