
Pour le spécialiste des maladies infectieuses à l'Office régional de la santé de Winnipeg, Pierre Plourde, la recrudescence de la syphilis à Winnipeg est alarmante.
« [Pour 2018], on est rendu à presque 600 cas et on n’a même pas fini de les compter, affirme-t-il. Il avait une trentaine de cas de femmes enceintes dont une douzaine avec des cas de syphilis chez le nouveau-né ».
La syphilis congénitale, transmise de la mère à l’enfant, peut avoir des conséquences désastreuses telles qu’une fausse couche, un enfant mort-né, des malformations, une anémie aiguë, une déficience mentale ou des cas de méningite.
Selon la directrice médicale à la Fondation manitobaine des dépendances, Ginette Poulin, ce sont notamment les personnes souffrant de dépendances qui sont les plus à risque en matière de maladies sexuellement transmissibles.
Leur vie est plus chaotique et elles sont moins enclines à avoir des suivis médicaux.
Elle soutient qu’une grande part de ces mères n’a pas de suivi prénatal et ne rencontre un médecin que lors de l’accouchement : « Ces personnes ont peur de déclarer qu’elles ont des problèmes de dépendance. »
Mais selon Mme Poulin, le corps médical a également sa part de responsabilité.
« Parfois, les services n’ont pas les ressources pour gérer le problème, précise-t-elle. Ça peut être dans l’éducation du personnel ou même dans les ressources dans la clinique. Il y a beaucoup de problèmes sociaux rattachés aux dépendances. Ça prend beaucoup de temps et de planification ».
Pour Ginette Poulin, il est primordial que les professionnels de santé suivent davantage de programmes de formation sur la gestion des cas de dépendances.
« Il faut trouver des façons avec les organismes communautaires pour rejoindre ces femmes très vulnérables. Il faut au moins leur offrir des soins prénataux », soutient quant à lui Pierre Plourde.
Il rappelle que la syphilis avait pratiquement été éradiquée de Winnipeg dans les années 1990. Il ajoute que lorsqu’elle est détectée à temps, la maladie peut être traitée facilement.
« Ce sont des injections de pénicilline, un antibiotique qui ne coûte pas cher et qui est facile à administrer », précise-t-il.
Pierre Plourde rappelle également qu’outre la transmission par voie sexuelle, dans le contexte de crise des opioïdes et de la méthamphétamine, le partage de seringues contaminées est un autre vecteur de transmission de la syphilis et d’autres maladies.
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