La grippe entraîne des débordements dans les hôpitaux - Acadie Nouvelle

Le Nouveau-Brunswick connaît son pire début de saison de grippe depuis 2009. Le phénomène cause un stress additionnel sur des hôpitaux déjà surchargés.

Le nombre de cas confirmés de grippe au Nouveau-Brunswick, du 26 août au 29 décembre, a atteint 579. Il s’agit du niveau le plus élevé depuis l’année pandémique de 2009, quand 1895 cas de grippe avaient été confirmés durant la même période. La moyenne, depuis, est de 43.

Dans les dernières semaines de 2018, il y a eu 3 décès associés au virus, en plus de 15 admissions aux soins intensifs et 71 hospitalisations.

Les hospitalisations pèsent lourd sur le système de santé de la province. À l’Hôpital régional de Campbellton, le taux d’occupation des lits est de 112%. À Bathurst, ce chiffre atteint 104%. Le CHU Dumont, à Moncton et l’Hôpital régional d’Edmundston se portent un peu mieux, à 94% et 86%, respectivement.

Les hôpitaux du Réseau de santé Horizon sont dans la même situation. Les temps d’attente à l’Hôpital régional Dr Everett Chalmers de Fredericton ont dépassé les 7hrs30min cette semaine, selon CBC. Certains patients ont dû passer trois jours sur un lit dans un couloir de l’hôpital en raison du manque de lits.

«Les temps d’attente ne sont pas au niveau que nous aimerions voir. Ils sont plus longs. Et ils empirent parce que nos patients passent plus de temps dans le département d’urgence. Ils passent plus de temps en urgence parce que nous n’avons pas assez de lits disponibles», explique Dr John Dornan, chef du personnel médical du Réseau de santé Horizon.

La source du problème, soutient M. Dornan, est le fait que plus de 28% des lits du réseau sont occupés par des patients «nécessitant un autre niveau de soins» (ANS).

Ces patients ne sont pas suffisamment malades pour avoir besoin de «toute la gamme de ressources ou de services fournis dans le contexte de soins», mais ils ne peuvent pas retourner à la maison. Ils sont habituellement sur des listes d’attente pour des foyers de soins.

Allison White, directrice des soins infirmiers pour le Réseau de santé Vitalité, mentionne que le vieillissement de la population pose des défis dans les hôpitaux.

«On ne peut pas s’attaquer à grand-chose sur ce front, parce qu’on ne peut pas arrêter de vieillir. La population vieillissante fait en sorte que les gens ont besoin de plus de services de santé.»

Dr Dornan assure que les deux réseaux de santé participent à des discussions avec le gouvernement provincial entourant l’amélioration des soins communautaires.

D’ici à ce qu’une solution soit trouvée, plusieurs médecins et infirmiers brûlent la chandelle par les deux bouts.

«Chaque fois qu’il y a une hausse de demande pour des ressources que nous n’avons pas – que ce soit des lits ou des ressources humaines -, il y a toujours du stress additionnel sur les personnes touchées. La belle chose avec les hôpitaux est que nous avons des personnes passionnées prêtes à mettre les bouchées doubles pour répondre à la demande. Mais il y a un coût: on retourne à la maison plus fatiguée. Heureusement on a une bonne équipe et ensemble on passe à travers.»

Prévenir plutôt que guérir

En entrevue avec l’Acadie Nouvelle, jeudi, l’infectiologue du Centre hospitalier universitaire Dr-George-L.-Dumont, Gabriel Girouard, a affirmé que des hospitalisations auraient pu être évitées si plus de personnes avaient reçu le vaccin contre la grippe. Il a fait savoir que le taux d’efficacité du vaccin est très bon cette année.

«Je pense que beaucoup de gens ne prennent simplement pas le temps de se faire vacciner. Le vaccin fonctionne bien cette année, donc on aurait pu prévenir plusieurs cas d’influenza», a-t-il mentionné en ajoutant qu’il n’est pas trop tard pour obtenir le vaccin.

Dr Dornan partage cet avis. Si plusieurs cas de grippe ne nécessitent pas d’hospitalisation, le fait de réduire la propagation peut empêcher que des personnes plus à risque de complications associées à l’influenza attrapent le virus.

«On pourrait éviter que les personnes âgées ou les personnes ayant un système immunitaire compromis se retrouvent à l’hôpital.»

Malgré le début hâtif de la saison de grippe, le nombre total de cas confirmés d’ici la fin de la saison ne devrait pas dépasser le niveau de 2017-18, quand le vaccin avait un taux d’efficacité de 10% à 20%.

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