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Humanitæ accueille ses premiers locataires [VIDÉO] [PHOTOS] | Affaires - Le Soleil - Groupe Capitales Médias

Inspirée de tendances novatrices dans l’accompagnement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, la nouvelle résidence Humanitæ a ouvert ses portes aux médias mardi, en marge de l’aménagement des premiers résidents.

Ce «mini-village» a été construit au coût de 44 millions $ à l’intersection du boulevard Lebourgneuf et de l’autoroute Robert-Bourassa.

Le premier de deux édifices de six étages comprend 12 maisonnées thématiques pouvant accueillir 12 à 15 résidents chacune. Et tout le concept repose sur une offre permettant aux locataires de poursuivre leur vie «normalement».

«Pour nous, ce ne sont pas des gens malades avec une maladie aiguë qui doivent vivre à l’hôpital. Dans le fond, on doit leur offrir un milieu de vie dans lequel ils vont continuer leur vie», explique le Philippe Voyer, professeur titulaire à la Faculté des sciences infirmières à l’Université Laval et chercheur au Centre d’excellence sur le vieillissement de Québec.

M. Voyer avait d’abord été approché par le précédent ministre de la Santé Gaétan Barrette pour s’assurer que le développement d’Humanitæ était bien orienté. Il a finalement travaillé avec le Groupe Patrimoine pour élaborer le concept inspiré des pratiques européennes en la matière, notamment aux Pays-Bas où on a construit un village dédié aux personnes aux prises avec la maladie d’Alzheimer.

Toutefois, on explique qu’on ne pouvait calquer exactement un des modèles étrangers en raison du climat du Québec. Le Groupe Patrimoine a alors décidé de s’inspirer de principes comme la liberté, l’occupation, la valorisation des activités et l’environnement axé sur le résidentiel et le familial.

Le rez-de-chaussée, consacré aux aires communes, est subtilement divisé en plusieurs sections allant de l’espace jardinage au magasin général et du salon de beauté et coiffure au bistro.

Pour ceux qui voudraient aller prendre l’air dans la cour intérieure, des manteaux sont accrochés près de la porte par temps froid en cas d’oublis des résidents. Éventuellement, la fermette qui y est aménagée abritera des poules et des chèvres. Alors que certains pourront taquiner les poissons du bassin, les plus manuels pourront pelleter ou même corder du bois.

Quant aux maisonnées sur les étages, celles-ci comptent entre autres des coins buanderie, des ateliers et des salles de lessive.

«Plus ils se sentent dans une prison, plus il y a de la frustration, plus il y a des troubles du comportement, puis plus on arrive avec des taux d’utilisation d’antipsychotiques comme on a présentement au Québec», analyse Philippe Voyer. Selon la Fondation canadienne pour l’amélioration des services de santé, c’est au Québec qu’on retrouve le taux le plus élevé de prescription d’antipsychotiques au pays, soit entre 40 et 60 %.

Le Groupe Patrimoine a décidé de s’inspirer de principes comme la liberté, l’occupation, la valorisation des activités et l’environnement axé sur le résidentiel et le familial.

Combattre l’ennui

Le professeur Voyer explique que l’accent a surtout été mis sur l’aspect «occupationnel» de l’offre pour les résidents. Les études montrent que l’ennui est une des premières causes des problèmes de comportement, de perte de qualité de vie chez une personne avec des problèmes cognitifs, affirme-t-il.

«Il y a des gens qui vont plus s’intéresser au domaine de la musique, donc c’est pour ça qu’on va leur offrir des maisonnées davantage au niveau de la musique. Il y en a qu’eux, ils ont voyagé — c’est des pays, des encyclopédies et des cartes du monde qu’ils veulent — bien, dans une maisonnée on a une thématique qui va tourner autour de ça. À ce moment-là, l’environnement vient aider le personnel en place pour stimuler, pour intéresser la personne envers quelque chose», ajoute le chercheur.

Le Groupe Patrimoine a également misé sur un concept «d’avant-scène» et «d’arrière-scène» permettant aux membres du personnel de se déplacer dans l’édifice sans perturber la quiétude des résidents. Ainsi, les portes donnant sur «l’arrière-scène» ont été camouflées avec des collages qui les rendent moins frappantes aux yeux des locataires.

Le coût mensuel des unités varie entre 4200 $ et 5800 $.

Un laboratoire

Déjà propriétaire de sept résidences pour aînées, le président fondateur du Groupe Patrimoine, François Audet, explique qu’il voulait innover en développant le projet Humanitæ pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

«Ces gens qui sont atteints de cette maladie […], je trouvais qu’ils étaient moins occupés, les gens étaient dans nos unités prothétiques, il y avait moins d’activités, alors c’est ce qu’on voulait faire sortir. […] Quand ils sont occupés, ils sont un petit peu plus fatigués le soir, donc moins de médications, ce qui fait qu’ils dorment mieux donc moins agités», dit-il.

D’ailleurs, M. Audet confirme être déjà en train de regarder les possibilités de construire d’autres installations similaires à travers la province, notamment sur la Rive-Sud de Montréal et à Laval.

Il espère aussi travailler avec le secteur public pour revitaliser le format des Centres d’hébergement de soins longue durée (CHSLD). La ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, et d’autres intervenants du milieu ont fait la visite des lieux dans les dernières semaines. «Ils adorent. Ils aiment beaucoup l’approche, donc il s’agit de voir si on pourrait travailler ensemble», ajoute M. Audet.

Si le taux d’occupation est pour l’instant petit — une trentaine de résidents devraient occuper l’édifice d’ici les prochaines semaines —, on prévoit afficher complet dans les six prochains mois.

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UN SYSTÈME À REVOIR

Philippe Voyer ne mâche pas ses mots lorsqu’il parle du parcours que certaines personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer doivent faire avant d’aboutir en Centre d’hébergement de soins longue durée (CHSLD). Étant dégénérative, donc évolutive, cette maladie peut faire passer les personnes atteintes de leur domicile aux résidences pour personnes âgées, pour ensuite les mener vers les ressources intermédiaires et le CHSLD. Il s’agit d’une situation inacceptable, selon le professeur titulaire à la Faculté des sciences infirmières à l’Université Laval et chercheur au Centre d’excellence sur le vieillissement de Québec. «Tu mets quelqu’un qui a la maladie d’Alzheimer au stade modéré [en CHSLD], c’est pas une place pour elle en tant que telle, parce que [la maladie] va évoluer», note-t-il. «C’est comme si nous, en première année du primaire, tu changes d’école. À ta deuxième année, tu changes d’amis. En troisième année, tu changes d’école, tu changes d’amis, etc. Ça ne marcherait pas, c’est inacceptable. Bien nous, on impose des transitions à des moments importants de la maladie de ces gens-là, on les désorganise. Donc ça, c’est inacceptable comme fonctionnement.»  

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