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Révolution dans le traitement des grands brûlés

Des greffons de peau «bilamellaires» (derme et épiderme) cultivées en laboratoire à partir des cellules du patient brûlé. C’est la technique prometteuse qu’a mise au point une équipe de chercheurs du CHU de Québec-Université Laval et dont peuvent bénéficier les grands brûlés de tout le Canada dans le cadre d’un essai clinique.

L’équipe de chercheurs du Laboratoire d’organogénèse expérimentale (LOEX), dirigée par les professeurs et chercheurs François A. Auger, Lucie Germain et Véronique Moulin, a présenté mercredi à la presse cette nouvelle technique, dont les résultats viennent d’être publiés dans la revue scientifique European Cells and Materials (eCM) Journal.

Habituellement, les grands brûlés sont traités par autogreffe, c’est-à-dire à partir des segments de peau prélevés à d’autres endroits sains sur leur corps. Mais cette technique a ses limites, particulièrement chez les patients qui ont été brûlés sur une trop grande superficie de leur corps, la peau saine à prélever étant alors trop rare pour recouvrir les parties endommagées, a-t-on expliqué en conférence de presse.

Des laboratoires dans le monde sont certes capables de produire un recouvrement cutané pour les patients dont la peau disponible ne suffit pas. Le problème, c’est que cette peau produite en laboratoire ne reproduit pas parfaitement une peau normale dans la mesure où elle ne contient qu’une des trois couches de la peau, l’épiderme (la couche superficielle).

La technique développée par l’équipe du LOEX consiste à prélever une petite surface de peau, pas plus grande que la surface d’un 2$, à en recueillir les cellules, dont les cellules souches, puis à cultiver celles-ci en laboratoire. Au bout d’environ deux mois de culture, les bandes de peau sont prêtes à être greffées sur le patient. De tels greffons ont été utilisés avec succès chez 14 patients très fortement brûlés (sur 74% de leur corps en moyenne), a-t-on indiqué mercredi.

Contrairement aux greffons développés par d’autres laboratoires, les tissus élaborés par les chercheurs du LOEX sont dits «bilamellaires», c’est-à-dire qu’ils sont constitués de deux couches de peau, le derme (la couche profonde) et l’épiderme.

La couche profonde dermique est importante pour le support, la stabilité et la souplesse à long terme, selon la Dre Amélie Dumas, qui a traité les deux jambes et une partie de la poitrine d’un patient brûlé sur 90% de son corps et qui a pu constater la supériorité des greffons cutanés bilamellaires.

Ce patient, c’est Luc Turcotte, brûlé dans un accident de travail il y a cinq ans alors qu’il agissait comme opérateur de bouilloire. Il confirme: les parties de sa peau traitées par les greffons du LOEX sont «plus souples» que celles traitées par autogreffe.

Du reste, les avantages de la technique comprennent une meilleure prise du greffon, une vascularisation plus rapide, une absence de rejet, une diminution marquée des cicatrices et une qualité de peau plus homogène. Autre atout pour les patients: parce qu’ils «prennent» mieux et restent souples, les greffons cutanés bilamellaires réduisent le recours aux chirurgies de retouche.

Les chercheurs du LOEX sont actuellement en période d’essai clinique pancanadien. «On espère fermer les essais cliniques d’ici deux ou trois ans, mais on est dépendant du nombre de patients grands brûlés qui sont dans les unités et qui doivent accepter d’être traités avec une technique expérimentale», a expliqué la professeure-chercheure Véronique Moulin.

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